Il peut sembler absurde que des récits bibliques, adressés à un peuple et relatifs à son histoire particulière puissent être considérés comme des « Paroles vivantes » qui nous concernent aujourd’hui au point de nous envoyer, à notre tour, en mission ! En vérité, quand on médite sur ce qu’est la Parole de Dieu transmise dans la Bible, nos interrogations et nos réticences face au caractère toujours actuel et missionnaire de la Parole de Dieu s’envolent.
Dans le récit d’Isaïe, Dieu Lui-même définit la spécificité de sa propre Parole : « Comme la pluie et la neige descendent des cieux, et n’y retournent pas sans avoir arrosé, fécondé la terre, et fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche : Elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins » (Is 55, 10-12). Le prophète montre ainsi que la Parole qui vient de Dieu produit des fruits par elle-même. C’est une Parole source, elle est en même temps une ressource et un recours pour qui la reçoit.
De fait, l’identité constitutive du Peuple d’Israël naît à partir de la Parole de Dieu. Israël n’a pas vu Dieu. Il a entendu sa Parole et puisqu’il a entendu la Parole, il a vu Dieu. Dans sa Parole, Dieu se donne lui-même, il crée et fonde la relation dans laquelle les hommes trouvent leur épanouissement total.
L’épître aux Hébreux résume ceci en disant : « la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles; elle juge les sentiments et les pensées du cœur. Nulle créature n’est cachée devant lui, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte (Heb 4, 12-13). La Parole est donc, non seulement créatrice, elle permet de distinguer, elle ouvre un horizon d’avenir.
Une expérience fondamentale sera faite par les premiers chrétiens dont nous sommes les héritiers. A la mort du Christ en croix, on pouvait considérer que la Parole dont il était le messager exceptionnel est morte. Mais la résurrection du Christ redonne à jamais vie à la Parole. Ainsi, La Parole traduit l’identité même de Dieu : le nom par lequel Dieu se présente dans le livre de l’Exode l’exprime bien : « Je Suis celui qui suis » (Ex 3, 1). Aussi, Jésus a promis : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde « (Mt 28, 20). On peut donc dire : Dieu est. Sa Parole est toujours vivante, elle est fondamentalement une parole adressée à l’homme pour qu’il l’écoute et en vive.
Au cours de ce temps de carême dépouillé pour des raisons sanitaires, nous avons toujours la Parole de Dieu comme nourriture et refuge. Gardons-la avec nous, méditons-la quotidiennement. Elle est notre chemin et notre lumière. Par elle, nous serons conduits, pas à pas, jusqu’à Pâques où nous célébrerons notre résurrection avec le Christ Jésus.
Père Antoine Nouwavi,
Curé-Doyen des Sables