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Dans l’attente du Royaume…

    En entrant dans l’Avent, nous faisons corps avec l’Église tout entière dans le temps de la liturgie. Ce temps d’Église rythme notre vie et nos saisons à la mesure de nos célébrations. Après la période du temps ordinaire, nous voici à l’heure de l’attente de la joyeuse espérance de la venue du Christ célébrée à Noël. Les textes de la liturgie nous exhortent à un enthousiasme renouvelé pour accueillir le Christ. Le symbole est fortement suggestif : nous contemplerons à la fête de la Nativité, le visage d’un bébé, venu de la part de Dieu. Il viendra donc nous rajeunir en nous débarrassant de tout ce qui nous alourdit, de tout ce qui fausse la justesse de nos regards et la justice de nos vies. Le renouveau en profondeur qu’il nous procurera exige déjà que nous soyons à la mode et au rythme de l’Église. Patiemment, les textes liturgiques et la célébration des mystères du Christ, prépareront nos cœurs à nous laisser illuminer par le regard du Christ qui transmet à tous les hommes la paix et le renouveau de Dieu notre Père.

                Ainsi, l’Avent n’est pas qu’une célébration. Elle creuse en nous le désir de Dieu, le désir de sa venue et la volonté d’habiter son royaume. Les premiers chrétiens avaient un sens particulier de ce royaume : ils avaient hâte de sa venue et ils pensaient qu’il allait arriver quelques années après le retour du Christ vers le Père. Depuis, le temps est passé. Notre attente est toujours la même. Notre foi transforme notre attente en espérance. Nous savons que le Christ viendra nous visiter. Cette venue renouvellera la création tout entière. Ainsi, nous ne jugeons pas de l’aujourd’hui à partir des soi-disant valeurs du monde, nous jugeons de la vie présente à partir des valeurs du royaume qui nous sont révélées par le Christ. Nous savons ainsi que la foi n’est une fuite en avant de l’engagement dans le monde.  Notre foi née,de la rencontre avec Dieu est, plutôt, engagement pour le temps présent dans l’attente du royaume.

                Ce double sens de l’Avent est enrichi par un troisième qui vient de la lecture de la marche du monde. La situation de crise économique, politique et sociale que traverse notre monde et que tous les analystes ne cessent de diagnostiquer, est l’illustration de la fin d’un monde et d’une mode de vie. Cette crise tentaculaire montre que l’option de l’humanisme sans la transcendance de Dieu a montré sa limite. L’Avent devient ainsi le temps du choix de Dieu qui questionne notre gouvernance politique et sociale et renouvelle nos solidarités pour les élargir à l’horizon de l’universalité de tous les hommes et pour leur bonheur intégral. L’Avent est le temps du choix de Dieu pour tous. Prenons le chemin qui mène vers Noël dans une adhésion totale au Christ qui vient nous sauver.

    Abbé Antoine Nouwavi,
    Curé-Doyen des Sables