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DE LA MISSION DE LA MER A MERAVENIR AUX SABLES d’OLONNE

    Selon Aristote, ce philosophe de l’Antiquité grecque : « il y a trois sortes d’hommes, les vivants et les morts et ceux qui vont sur la mer ».
    Aux Sables d’Olonne, le nombre des vivants est particulièrement augmenté l’été par la foule des estivants, à propos desquels il y a ce mot cruel : « on est content de les voir arriver, on est content de les voir repartir ». En 1960 le curé de la Chaume, un pasteur haut en couleur, présentait au jeune vicaire qui venait d’arriver les vacanciers avachis sur la plage: « voilà le bétail avec lequel vous aurez affaire ». Pour l’ensemble des vivants, les Sablais et les autres, il y avait les paroisses, Notre Dame de Bon Port, La Chaume, Saint Pierre, Saint Michel. Chaque été, le clergé, le diocèse, l’évêque, voire le nonce apostolique, se sont vus embarqués pour la fête de la mer sur des chalutiers de marins-pêcheurs jusqu’à ce que tombe une interdiction de tout embarquement de non-professionels, à l’issue d’un chavirage meurtrier au port de la Cotinière, sur l’ile d’Oléron.
    La Mission de la Mer, distincte des paroisses avait son siège à l’Abri du Marin, 15 quai Garnier. Des prêtres au travail comme matelots-navigants, ayant appris le métier de marin-pêcheur, y avaient leur point d’ancrage, Joseph Fonteneau, Robert Gaborit.
    Par suite de rénovations successives, l’enseigne “Abri du Marin” donnée à voir au public sur la rue est devenue “Aumonerie des gens de mer”, sans doute pour une ouverture à d’autres usagers de la mer, comme la plaisance et sa pastorale, les sports de mer. Une association de quartier y tenaient ses assemblées. Au rez-de-chaussée, salle de réunion, cuisine, bureau de l’aumônier, garage transformé en bureau par Joseph Martineau qui fut le dernier d’une longue suite d’aumôniers, intervenants aussi à l’école des Pêches. En 2010 il était en poste à Pouzauges dans le bocage vendéen.

    Le diocèse crut opportun de nommer aumônier de la plaisance, un prêtre qui venait de prendre sa retraite aux Sables. Cette année-là et les suivantes, Claude Babarit venait rencontrer les deux marins pêcheurs retraités qui tenaient permanence deux jours par semaine au 15 quai Garnier, Pierre Brunet et Emmanuel Poiraud, ce qui lui permit de recueillir les témoignages de vie qui paraitront dans “La mer comme horizon” en collaboration avec Gaston Vinet en 2021.
    Robert Gaborit, alors curé de Saint Hilaire de Riez, a pu accompagner l’équipe de la Mission de la Mer tant que son état de santé le lui a permis. De retour aux Sables d’Olonne, Gaston Vinet retrouve cette équipe, y associant Jean-Michel Raynard, diacre permanent, accueillant en 2023 des hommes et des femmes qui ne sont pas tous du milieu des marins-pêcheurs.


    Des traumatismes avaient marqué ce milieu, la suppression du pont reliant la Chaume à la Cabaude et au centre ville, l’installation d’un second port de plaisance dans le bassin du port de pêche dont les pêcheurs occupaient jusqu’alors la totalité, des rumeurs de vente de « l’Abri du Marin », ce qui a conduit des signataires à s’en émouvoir auprès de l’autorité diocésaine, l’effacement du milieu maritime des marins-pêcheurs dans les grands médias au bénéfice du « Vendée-Globe » et autres courses transocéaniques. Un signe qui ne trompe pas, les bistrots de quartier, du temps où il y avait un millier de marins-pêcheurs aux Sables et à la Chaume, sont devenus des restaurants fréquentés par le grand tourisme.

    Des Sablais ont réagi, Henri Massiot, du CCFD Terre Solidaire, et quelques autres. C’est alors la création d’une association, loi 1901, pour une ouverture à d’autres enjeux que les sports et divertissements nautiques tout valorisant qu’ils soient quand on ne se définit plus d’abord par le travail ou la vie professionnelle. En 2014 la Mission de la Mer, le CCCFD Terre Solidaire et la Pastorale du Tourisme s’associent dans l’association MERAVENIR avec comme président Yves Vasseur, nouveau retraité, ayant une expérience de marin-pêcheur à Terre-Neuve au début de sa vie professionnelle.
    Pour une plus large audience auprès des pouvoirs publics, cette association se veut non confessionnelle tout en s’inspirant de valeurs promues par la Mission de la Mer.


    A la fin de l’été 2023, une semaine d’expositions et de conférences en direction du grand public, sur le thème de la mer et de ses enjeux, est l’événement phare de cette association. En 2020 une première exposition avait déja accueilli beaucoup de visiteurs avec une ouverture conjointe par le navigateur Jean-Luc Van Den Heede. La seconde semaine d’expositions et conférences, sans doute par souci de cohérence, s’en tiendra aux approches  » qui relèvent d’aspects environnementaux, économiques, alimentaires, sociaux, politiques, ludiques » comme le précise Etienne Sengegera dans l’Echo de l’Ouest du 1er septembre 2023.
    Il y a bien deux sortes de Sablais parmi les vivants, ceux pour qui la mer ne suscite que de l’indifférence, comme si elle n’était pas là, et les autres. Pour beaucoup il leur serait difficile de vivre sans la mer, nourricière et compagne de tous les jours. Quant aux morts, leurs noms est inscrit sur le monument des Péris en mer, et plus récemment encore sur celui des naufragés de la SNSM sortis en mer au secours de l’un de leurs frères, marin-pêcheur. La Mission de la Mer ajoute une dimension de prière aux hommages qui leur sont rendus. La communauté chrétienne n’oublie pas que l’église principale de cette ville porte le nom de Notre Dame de Bon Port.

    C.B.