Bernard TESSON est né aux Sables d’Olonne en 1925. Etudes au collège Richelieu à la Roche sur Yon, puis au grand séminaire d’Issy Les Moulineaux. Ordonné prêtre en 1952 il est d’abord vicaire à Croix de Vie en 1951, où il prend contact avec la Mission de la Mer.
Décembre 1957, il embarque sur un chalutier à Concarneau pour une première marée. Il séjourne en différents ports pour mieux connaître la vie maritime dans ses divers aspects et découvrir les différentes orientations de plusieurs équipes de la Mission de la Mer, Paimpol, Boulogne sur Mer, Dunkerque.
Bernard arrive à La Rochelle en mars 1958. Partager la condition des travailleurs, sans cesser d’être prêtre, tel était le projet : « Pendant deux ans j’ai travaillé épisodiquement à la Société de Peinture et de Carénage (Sopéca), sur des cargos… Le plus dur était de piquer la rouille au marteau-piqueur. Cela faisait un bruit assourdissant, surtout lorsque l’on travaillait à l’intérieur des bateaux… Le plus important de mon travail ce fut le débarquement du poisson la nuit, le « déglaçage ». Suivent, dans le livre de Bernard Tesson, de nombreuses pages sur l’histoire mouvementée des prêtres ouvriers, ainsi que l’engagement de prêtres navigants au commerce, Guy Pasquier et Roland Doriol.
En 1970, Bernard arrive à Madagascar, puis à La Réunion, où les responsables de l’Apostolat Maritime International lui avaient demandé d’«implanter la Mission de la Mer ». Mais aussi à l’Ile Maurice et aux Seychelles. En 1976, il est en mission à La Martinique : « j’ai beaucoup circulé à travers l’ile pour essayer de regrouper les pêcheurs et les aider à constituer des équipes ». Un groupe d’action et de recherche pour la pêche, le GRAP, est déclaré en préfecture. En 1977, Bernard participe au Congrès Mondial de l’Apostolat Maritime à Hong Kong.
En 1981, après 23 ans à la Mission de la Mer, dont 10 ans outre-mer, Bernard est curé de l’ile d’Yeu. Il fut un négociateur avisé dans l’affaire des basques espagnols poursuivis par la justice de leur pays comme faisant partie de l’organisation séparatiste ETA, et réfugiés à l’Ile d’Yeu où ils étaient assignés à résidence.
En 1986, c’est le retour aux Sables comme aumônier diocésain de la Mission de la Mer pour laquelle il devient le secrétaire général durant 3 ans. Il écrit : « je me suis tout de suite rendu compte que la Mission de la Mer était fortement implantée aux Sables. Les aumôniers qui m’avaient précédé avaient été très proches des marins et de leurs familles, bien sûr, mais aussi des différents organismes maritimes. J’ai été amené à faire de nombreuses visites chez des marins que j’avais connus ou qui m’avaient été signalés. Je leur ai proposé d’élargir l’équipe de la Mission de la Mer. Plusieurs foyers de marins étaient motivés pour s’y engager, ce qui était encourageant. Nous nous réunissions à peu près tous les mois, chacun apportant ses échos de la vie maritime et avec un temps de réflexion pour faire le lien avec notre foi. Nous étions plus ou moins nombreux selon les présences à terre des uns et des autres. Parfois, nous étions plus de vingt.
Assez vite, deux projets concrets se sont précisés, la réalisation d’une exposition sur la pêche et le lancement d’un petit journal maritime pour Les Sables, L’Echo des Barges. Ce petit journal trimestriel a été un lien dans la vie du monde maritime sablais. J’avais aussi de nombreux contacts avec les jeunes marins à l’École des Pêches. Ils y passaient deux ou trois ans. Je n’y avais aucune fonction précise, mais j’avais toutes possibilités d’y passer quand je voulais et les rapports y étaient des plus cordiaux, aussi bien avec les élèves qu’avec les professeurs. Cela me permettait de connaître pratiquement tous les jeunes qui y passaient avant d’embarquer, et de leur proposer des rencontres en lien avec le mouvement « Jeunesse de la Mer ». D’ailleurs, l’aumônerie devenait de plus en plus pour eux un lieu de rassemblement. Ils aimaient bien s’y retrouver.
La pêche en crise. Depuis 1991, la ressource en poissons était en nette régression, l’exploitation des bateaux devenait de plus en plus difficile, et les gains des équipages en nette diminution, ce qui mettait des familles dans la gêne. Le 22 février 1993, les marins ont constitué un comité de survie et ont décidé de conduire une action avec les autres ports. Le lendemain ils étaient 72 à partir des Sables en 2 cars. Ils sont allés à Rungis où ils ont retrouvé les autres ports. Le 17 mars 1993, comme prévu, 4 cars de 55 places partaient des Sables pour une manifestation à Nantes. Après quelques hésitations, je m’étais décidé à les accompagner. Environ 800 personnes de différents ports. Quelques jours plus tard, à mon invitation, notre évêque, le Père François Garnier, est venu rencontrer le comité de survie, pour échanger sur tous ces événements. »
De septembre 1993 à 2001 Bernard est aumônier à l’hôpital de Luçon, résident encore à Péault. Il conclut : « Le premier septembre 2001, j’entrais en retraite, j’allais avoir 76 ans… j’arrivais aux Sables, ma ville natale… » Bernard s’y établit en un domicile personnel, proche de sa famille, jusqu’au jour où, la santé se dégradant, il fait le choix d’entrée en maison de retraite, aux Salines à la Chaume, puis aux Herbiers, à la maison du Landreau où il finit ses jours le 15 novembre 2021. A la demande de sa famille, il avait écrit « Au service des gens de mer et de l’Evangile 50 ans de la vie d’un prêtre 1951-2001 ». Editions Siloé.
Dans la préface à ce livre, Jacques David, évêque émérite de la Rochelle, puis d’Evreux, écrit : « La vie l’a conduit sur des chemins inconnus et, toujours il a créé immédiatement des liens. (…) En 1962 et 1968, des conflits sociaux très durs ont secoué le port de La Rochelle. Alors Bernard a compris qu’il ne pouvait pas laisser seuls les marins, car l’enjeu de ce conflit était leur vie et leur avenir. Il s’est engagé, non pas comme syndicaliste mais comme un ami très proche, partie prenante dans le comité de soutien aux grévistes. »
C.B