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Un carême sans idolâtrie (semaine du 29 mars au 5 avril)

    Dans les annales de l’histoire postmoderne, les temps que nous vivons seront largement décrits et commentés. Notre monde tirera-t-il les leçons de cette crise sanitaire aux conséquences multisectorielles ? Je n’en suis pas si sûr. J’ai bien peur que passée la crise –ô je l’espère de tout mon cœur- nous nous mettons à vivre comme si rien ne s’est passé, vautrés dans nos individualismes avec des engagements écologiques en demi-teinte intéressés qui oublient que la vie et l’homme doivent être d’abord, le centre de toutes les préoccupations et de toutes les attentions. Le manque de masque de protection dans le monde hospitalier, la crise du secteur de la santé et des maisons de retraite me font penser que, s’il a surgi un peu partout des partis écologiques, il n’existe encore aucun parti politique pour l’homme et surtout aucun mouvement politique en faveur de nos  aînés et de leurs intérêts !

    Au niveau ecclésial, voici que nous devons vivre un temps de carême sans célébration et sans chemin de croix communautaires ! Au cœur de notre déception et de notre  tristesse, nous sommes amenés à une purification. Peut-être avons-nous pris les exercices spirituels, les supports que donne notre Église comme l’absolue de la vie spirituelle ? Nous sommes forcés par les événements à revenir à l’essentiel. Certes pour beaucoup d’entre nous, les moyens communautaires que nous donne l’Église ont pétri notre foi et notre vie spirituelle, ils les nourrissent quotidiennement pour que nous puissions vivre une religion de l’intimité et du seul à Seul avec Dieu.  Les événements que nous vivons nous contraignent à une vie d’adulte dans la foi.

    Le judaïsme au temps de Jésus était une prestigieuse institution religieuse mais il a mué  et s’est installé dans une religion du permis et du défendu, il a multiplié les préceptes et les lois ;  dans une hypocrisie religieuse, il semblait viser Dieu mais en vérité, il a sacralisé ses propres institutions et ses structures. L’avènement de Jésus le Christ va ramener le judaïsme vers Dieu. En révélant à ses contemporains qu’il est le seul qui enlève le péché du monde (Jn 1, 29), Jésus leur a aussi annoncé que les vrais adorateurs ce sont ceux qui adorent Dieu en esprit et en vérité (Jn 4, 23).

    Nous voici au désert ! Aucune encyclique n’aurait eu le résultat que produit la crise sanitaire dans laquelle s’est installée notre planète. Dans ce désert, en l’absence de support et d’exercice spirituel communautaires, Dieu est présent. S’il a fait le monde à partir de rien, il veut nous relever à partir de rien à une seule condition : nous appuyer sur lui et lui seul !

    Alors, retrouvons Dieu dans le seul à seul de notre vie de tous les jours, seul, en couple ou en famille. Il se laisse trouver par ceux et celles qui le cherchent, il vient faire de leur maison et de leur cœur, le lieu où il habite. Au début du christianisme primitif, avant qu’on ne bâtisse des églises et des chapelles, la foi est née et s’est développée dans les maisons et dans les familles. Revenons donc au lieu d’émergence de la foi et, ensemble, en union avec vos prêtres qui chaque jour célèbrent pour vous, faisons Église.   

    Père Antoine Nouwavi,
    Curé-Doyen des Sables