Chez les prêtres comme dans la société on n’a pas le culte de la pensée unique. Chez les prêtres comme dans les familles il n’est pas indispensable de partager les mêmes opinions, pour se réunir et partager la table. Dieu sait si chez les prêtres en 2019 les différences sautent aux yeux, dans la tenue vestimentaire, la tonalité donnée aux célébrations, le rapport à l’ensemble de la communauté des baptisés. Ce n’est pas un obstacle à la fraternité. En tous cas, pas aux Sables d’Olonne.
Il y a toujours un bonheur à se retrouver pour une popote commune ou pour un repas de fête. Pour une popote commune en semaine, certains jours au presbytère Notre Dame de Bon Port. Le samedi, ce jour-là, le chiffre symbolique de dix convives est souvent atteint. Des prêtres retraités vivant seuls en maison particulière ou en appartement, rejoignent ainsi les prêtres en responsabilité pastorale sur la paroisse Notre Dame des Olonnes. Convivialité assurée, surtout quand il s’agit de marquer l’anniversaire de l’un d’entre eux. Et, par-dessus tout, le rituel du repas de fin d’année qui se pratiquait depuis de nombreuses années au presbytère, rue du Palais. On s’y trouvait un peu à l’étroit. Cette année, ce samedi 21 décembre, tout a été préparé à la salle des Nouettes, sur le quartier du Château d’Olonne. Il y avait aussi ce jour-là les représentants des communautés religieuses, Passionnistes de la Chaume, Rédemptoristes du centre-ville, et Béatitudes du Relais Pascal à la Chaume.
Avant la bénédiction de la table, le P Antoine Nouwavi, curé de la paroisse, a pris l’initiative de remercier celle et ceux qui ont donné de leur temps et de leur créativité pour un accueil chaleureux. Un repas festif dans la simplicité du partage, autour d’une grande tablée d’une vingtaine de personnes, des hommes, tous des « ministres ordonnés », comme l’on dit dans le vocabulaire de l’Église, et l’un des convives, dans sa jeunesse, aspirant à cette ordination. C’est Gonzague, séminariste, étudiant au séminaire interdiocésain de Nantes, et désormais en vacances de Noël. Il a expliqué qu’à la fin d’un trimestre de travail personnel, il a pu présenter au corps professoral le résultat de ses recherches sur l’athéisme contemporain. De proche en proche la conversation s’est aussi animée entre prêtres retraités « rendant des services » et prêtres en activité à plein temps ou ponctuellement. Pas de libations. De la sobriété, une sobriété heureuse comme on aime à le souligner à la suite de Pierre Rabbi.
Mais la pastorale commande. Personne ne fut surpris que plusieurs quittent la table prématurément. Des célébrations sont prévues chaque samedi après-midi en des maison de retraite. Il fallait s’y préparer. Heureusement il restait des bras pour la vaisselle et le rangement. Comme parfois dans les familles quand chacun s’affaire, en manipulant les assiettes une question surgit, une information tombe d’on ne sait où, une proposition d’entraide est annoncée. Déjà l’après-midi est bien engagée. La salle des Nouettes retombe dans le silence. La pluie est déjà là. Demain dimanche sera le Jour du Seigneur et la fraternité continuera de porter du fruit.
Claude Babarit