Le Ressuscité se manifeste aux disciples de multiples façons. Il les rejoint là où ils se retrouvent après des heures, pendant lesquelles, la certitude de la résurrection du Maître n’était pas encore devenue une foi chevillée au corps. Contentons-nous, dans cette brève méditation, de l’appel de Pierre (Jn 21,15-19). L’auteur du quatrième évangile suggère, par ce passage, que tout envoi en mission est d’abord une profonde œuvre de miséricorde accordée par Dieu au missionnaire lui-même. Après avoir renié le Maître par trois fois, Pierre a compris : il n’était pas meilleur que les autres mais, en lui et aussi pour les autres, la miséricorde de Dieu s’est manifestée dans le choix que Jésus a fait de sa personne. Ici, nous pouvons nous référer à l’évangile des ouvriers de la dernière heure :
« En effet, le royaume des Cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit dès le matin afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. Il se mit d’accord avec eux sur le salaire de la journée : un denier, c’est-à-dire une pièce d’argent, et il les envoya à sa vigne.Sorti vers neuf heures, il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans rien faire. Et à ceux-là, il dit : “Allez à ma vigne, vous aussi, et je vous donnerai ce qui est juste.” Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même.Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d’autres qui étaient là et leur dit : “Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?” Ils lui répondirent : “Parce que personne ne nous a embauchés.” Il leur dit : “Allez à ma vigne, vous aussi à ma vigne » (Mt 20, 1-7).
A la fin de la journée, ceux qui ont été embauchés tôt le matin, pensaient recevoir un salaire plus important que ceux de la dernière heure. Mais en fait, ils n’ont pas compris l’élan du cœur du maître du domaine. Le plus grand privilège, ce n’est pas le salaire ; l’honneur inouï c’est d’être associé à l’œuvre du Maître. Dans l’évangile selon st Jean, l’appel de Pierre est la manifestation de la grande mansuétude de Jésus qui refait toute chose nouvelle. Par cet appel, Pierre n’est plus celui qui a renié le Maître mais celui qui,lui est désormais associé par le relèvement de toutes les nations. Restauré par la miséricorde du Christ, le premier des apôtres est ainsi conduit à faire de l’Église le canal par lequel, la bonté et les grâces de Dieu se déversent à profusion sur tous les hommes.
Tous les fidèles de l’Église, nous sommes ainsi à l’image de Pierre, chargés de transmettre à tous la miséricorde du Christ dans laquelle nous avons été régénérés par notre baptême.
Abbé Antoine Nouwavi,
Curé-Doyen des Sables