Plus que des règles ou des conseils de bonne conduite dans la cité des hommes, les paroles de Jésus veulent construire notre intériorité : « l’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ».
Certains disciples du Christ ont peut-être pensé que le Christ est un maître de moral. Aujourd’hui, encore, des publications savantes dépeignent le Christ comme un Maître de sagesse (1). La sagesse qu’enseigne le Christ n’est pas simplement une conduite ou un art de vivre. Son enseignement a toujours manifesté la bonté du cœur de Dieu son Père. Jésus, le Fils unique du Père, a, lui-même, incarné la miséricorde de Dieu auprès de ses disciples. Il a, sans cesse, invité les uns et les autres à rejoindre ce foyer incommensurable de miséricorde comme demeure.Les paroles du Christ que les évangiles nous donnent à méditer,ne sont que les implications sociales et spirituelles de la vie, dans la demeure du Père.
Il ne faut donc pas perdre de vue que le royaume qu’enseigne le Christ, est le cœur de son message. Ce royaume est une vie en abondance dans la maison du Père dans laquelle, tous, nous sommes fils engendrés dans le Fils Unique. A travers les évangiles, nous découvrons que le christianisme n’est pas une morale. Nous ne sommes pas non plus des donneurs de leçons. Nous avons à vivre et à faire désirer la vie du royaume auquel nous appartenons par notre adhésion à la personne de Jésus-Christ. Tous les jours de notre vie, nous devons sans cesse, toujours mieux chercher à incarner le royaume, dans tous les méandres de la vie sociale. Ce royaume n’est pas que pour la fin des temps, il vit déjà en nous et doit éveiller auprès de tous, le désir d’aimer et de servir Dieu.
Enfin, les évangiles suggèrent que le bien-vivre ensemble dans nos mouvements, associations, familles, paroisses ou cités procède d’abord comme un commandement d’amour du Père. Nous sociétés, nos institutions ont donc, toujours, besoin de se refonder sans cesse dans l’amour régénérateur du royaume de Dieu. Il nous dit : « soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48).
Abbé Antoine Nouwavi,
Curé-Doyen des Sables
(1) Cf., Xavier Tilliette, Le Christ des philosophes. Du Maître de sagesse au divin Témoin, culture et vérité, Namur, 1993