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« Il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 31-37)

    Une très grande valeur symbolique se dégage de cette scène des évangiles qu’il ne faut pas simplement lire comme un miracle pendant lequel Jésus guérit. Ici, c’est, ceux que St Marc appelle « des gens » qui amènent à Jésus un sourd-muet. La société  se préoccupe, prend en charge cet homme et le présente à Jésus pour qu’il le guérisse. On peut déduire de ce transfert du malade à Jésus que ce sourd-muet est la représentation personnifiée de toute la société qui veut, elle-même, entendre et parler. L’évangile du 23ème dimanche du temps ordinaire est, certes un miracle de guérison, il traduit fondamentalement l’incapacité de l’homme et des philosophies des aires culturelles du monde à pouvoir découvrir et parler de Dieu par leurs propres moyens.

    Seul Dieu rend capable l’homme de le voir et de proclamer son nom. Des théologiens comme Karl Rahner ont su exprimer cette relation entre Dieu et l’homme en parlant de  la connaissance transcendantale(1) mais ce n’est pas le lieu de faire des élucubrations ! Cet évangile exprime, en tout cas, un moment fondamental où du fait de la création, à travers les événements de notre vie et la méditation de la Parole, chacun de nous parvient à voir Dieu. Ici, justement, et c’est une des leçons théologiques de cette séquence, la vision de Dieu est indissociable de l’énoncé du nom de Dieu et de la proclamation de ses merveilles. Celui qui est rendu capable de voir est aussi rendu capable de la grâce de la proclamation. St Marc traduit ainsi l’alchimie spirituelle de sa vocation d’évangéliste et de missionnaire du Christ ressuscité. S’il peut encore aujourd’hui proclamer que Jésus est Seigneur, c’est parce qu’il l’a « vu » dans le sillage de l’apôtre Paul (Ac 9, 3-7).

    St Marc montre que chacun est un « infans » ! Nous sommes tous et chacun des enfants incapables de parler. Dans la science de la  psychanalyse, « l’infans » est celui qui n’a pas encore accès à la parole. Nous prenons conscience de notre état et nos prières, en cette rentrée, montent vers Dieu pour qu’il nous engendre pour le voir et pour proclamer son nom et sa gloire !

    Bonne rentrée !

    Abbé Antoine Nouwavi,
    Curé-Doyen des Sables


    (1)Karl Rahner, Traité fondamental de la foi, Centurion, 1983