« LUMIERE AU CŒUR DE LA VIEILLESSE », tel était le thème de ce dimanche de la santé le 9 février 2020 . Ce fut l’objet d’une conférence organisée aux Sables d’Olonne par le SEM, Service Évangélique des Malades, au Musée Sainte Croix, en présence de plusieurs dizaines de personnes. D’abord un chant d’entrée, comme dans une liturgie. « Si tu dénoues les liens de servitude. ». Ici la servitude de l’âge et de la maladie, dans une ville qui propose 7 ou 8 maisons de retraite ou EHPAD, une ville où, plus qu’ailleurs, des gens de l’intérieur des terres viennent s’établir pour leurs vieux jours.
La vieillesse c’est quoi ? Comment accompagner dans le bénévolat ? Tels furent les deux points du discours de Pierre-Richard Williamson, directeur du service « Entour-Ages à la Roche sur Yon. Après le mot d’accueil par Denise Bodin au nom de l’équipe du SEM, le conférencier a commencé par dire « vieillir, c’est une chance », ce qui n’est pas vécu de cette manière quand on voit s’accumuler en nous et autour de nous les pertes dues à l’âge, à la dépendance. Il s’agit pourtant d’une étape de notre développement humain. C’est le moment d’un merci à ceux qui ont permis ce que nous avons vécu, qui ont pris soin de nous au fil des ans.
A quel âge commence la vieillesse ? On est toujours le vieux de quelqu’un d’autre, et en général c’est celui qui a 7 ans de plus que moi. Le temps du grand âge peut devenir celui de substituer la lenteur à la vitesse, la tempérance à l’audace, la sobriété à l’abondance, l’essentiel au superficiel, à ralentir et à faire silence, caresser un animal et arroser ses plantes. Vient l’expérience du deuil avec ses phases de révolte, avec des allers et retours dans la dépression, le marchandage, le déni parfois, et finalement l’acceptation, l’essentiel restant de continuer à cultiver des alliances fertiles y compris avec soi-même. A 80 ans on garde 80 % de la faculté de nos neurones.
Nous sommes tous interdépendants les uns des autres, l’autonomie étant la capacité à gérer ses dépendances. La perte d’autonomie en est un critère. Cultiver ces liens qui nous font vivre permet de limiter ces fragilités multiples qui nous menacent avec l’avancée en âge, la pire des fragilités étant la solitude. En France, et tout particulièrement dans les Pays de Loire et en Vendée, les maisons de retraite se sont multipliées. Pourtant le plus grand nombre des plus de 80 ans vivent à leur domicile. Au Nord de l’Europe, particulièrement au Danemark, la tendance serait plutôt à la suppression de ces maisons de retraite pour un maintien à domicile sur le modèle déjà en place de l’hospitalisation à domicile. On répond ainsi aux souhaits de beaucoup de personnes âgées dépendantes, rester dans leurs meubles, leur environnement en bénéficiant chez soi des services apportés par la collectivité.
Comment accompagner en tant que bénévole ? Tel fut le deuxième point présenté par le conférencier. Accompagner c’est faire jouer les solidarités, c’est rejoindre de quelque manière l’équipe des professionnels, dans la discrétion, le respect de l’autre, se rendre capable d’entendre les détresses, d’accueillir ce ressenti d’être seul. Des vies nées fragiles, ou devenues telles par les événements, disposent de richesses sensorielles inattendues. Accompagner c’est aussi suppléer aux manques de la société laquelle ne peut pas tout. C’est enfin être facteur de paix.
Accompagner quand on est bénévole, c’est donner du sens, une aventure spirituelle que les Petits Frères des Pauvres définissent en trois moments. D’abord celui du désir, « il, ou elle, m’attend », puis le temps du plaisir dans ce temps partagé, celui de la parole ou du long silence dans la présence à l’autre, et enfin le temps du souvenir qui se répercute parfois longtemps chez la personne visitée comme chez le visiteur.
Au terme d’une heure de conférence et des questions de la salle, Gaston Vinet, prêtre accompagnateur de l’équipe du SEM, a tiré quelques conclusions, illustrées par sa propre expérience d’accompagnement. Il y eut des remerciements pour ce rayon de lumière dans la grisaille d’un dimanche d’hiver avant de poursuivre les conversations autour du verre de l’amitié.
Claude BABARIT