Le dimanche 12 mai, dans l’église du Château d’Olonne, a été célébrée la messe du souvenir de l’abbé Michel Baranger, qui avait exercé son ministère dans ce relais de la paroisse Sainte Marie de Olonnes. Réunis autour de la famille de Michel, venue de Saint Michel Mont Mercure, plusieurs prêtres de la paroisse, des amis de la Roche sur Yon et des paroissiens du Pays des Olonnes ont pu lui rendre hommage au cours de cette célébration. L’abbé Gaston Vinet a retracé son parcours. Jean-Michel Raynard, diacre, et Véronique Chabernaud, animatrice en pastorale, ont évoqué leur collaboration fructueuse avec Michel Baranger, qui les avait sollicités pour ce service d’Église. Au cours du verre de l’amitié qui a suivi, chacun a pu rappeler les bons moments vécus avec Michel.
Voici l’intervention de l’abbé Gaston Vinet, relatant son parcours.
Ordonné prêtre en 1963, Michel fait partie des nombreux disciples envoyés dans le monde. Nommé d’abord à Sainte Hermine, Chantonnay, Notre Dame de Fontenay, puis en région parisienne dans le diocèse de Meaux, à Saint Hilaire de la Roche où il m’a succédé, puis au Château d’Olonne 12 ans, enfin à Saint Mathurin où un AVC l’a obligé de s’arrêter. Un parcours de 60 ans comme témoin de la Résurrection de Jésus, au service de l’Église tel Mathias (1ère lecture), un parcours en divers secteurs où vous l’avez connu. Famille, et amis, votre présence nombreuse aujourd’hui témoigne que vous gardez un souvenir fraternel et amical de lui.
Comme tout le monde, Michel avait ses qualités et défauts. Il nous laisse un témoignage d’un prêtre attaché à Jésus Christ, confiant en la force de l’Esprit Saint, attentif aux réalités de la vie de chacun, ouvert à tous proches ou en distance de l’Église. « C’était un bon copain, un ami, un battant toujours à l’écoute, partageant avec tous recherche et convictions quelles que soient les opinions politiques ou religieuses. » Michel a eu un rôle spirituel important dans l’accompagnement d’équipes de liturgie et d’Action Catholique en Mission ouvrière, enfants, adultes, personnes âgées, aidant à relire la vie et les événements à la lumière de l’évangile. Certains d’entre vous en ont profité. Il a contribué aussi au dialogue interreligieux. Accueillant envers des couples divorcés remariés, il a cheminé avec eux avant de leur proposer un temps de prière.
Michel était soucieux de l’avenir de l’Église. La formation des laïcs lui tenait à cœur. Voici une phrase qu’il a écrite : « Ne demandez jamais ce que l’Église doit faire pour vous. Demandez vous plutôt ce que vous pouvez faire pour que la Bonne nouvelle de l’évangile que vous avez reçue, soit bien entendue et vécue »
Voici l’intervention de Jean-Michel Raynard, qui a été appelé Par M. Baranger au diaconat.
Un soir du début d’été 2001 , MICHEL BARANGER sonne à la porte de la maison et attend que je lui ouvre. Je lui fais remarquer que ce n’est pas son habitude d’attendre devant la porte et je le fais rentrer. Il est venu spécialement, envoyé par le groupe de réflexion du doyenné au sujet du diaconat pour nous interpeller Marie-Agnès et moi. Voilà le début d’une grande aventure partagée , vécue ensemble .
Michel faisait partie de mon groupe d’accompagnement dans ma démarche vers l’ordination. Il était avec moi : sincère, rigoureux, attentionné sur toutes les questions, les interrogations qui pouvaient pousser plus loin mon regard, mon cœur vers ce ministère du service du frère .
Après l’ordination, c’est auprès de lui que j’ai assuré mes premiers pas dans le ministère, par le service à l’Autel, la préparation des célébrations de baptêmes, mariages, sépultures, de temps de prière à l’Église pour les divorcés qui se remariaient civilement. Nous avions des convictions communes sur : le service aux frères partout, d’une présence d’Église dans le monde du travail , les associations, les mouvements d’action catholiques , etc…
La mise en œuvre de Vatican 2, avec la participation maximum des laïcs , la reconnaissance des femmes en Église , l’accueil et la bienveillance pour les exclus de l’église. Pour ceux-là il fallait les écouter , prendre du temps pour les accompagner vers le Père. Comme prêtre de cette génération , il a essayé de faire naitre un autre visage d’Eglise . De passer d’une église pyramidale , à une église peuple de Dieu, une église servante et ouverte qui parle aux hommes d’aujourd’hui et qui se met au service du monde. Une Église missionnaire portée par chacun de nous, où chacun de nous a une place, peut trouver sa place, une église qui pardonne, redonne une seconde chance aux convertis, une église qui ne rejette pas, mais qui est AMOUR .
Une année à Emmaüs auprès de l’abbé Pierre, des pauvres et des compagnons, avait forgé le caractère de battant de Michel pour cette cause.
Michel avait un caractère impulsif, blessant parfois, peu diplomate concernant ses convictions, Michel ne reculait devant aucun obstacle, aucune interdiction. En bref, il avait un peu les défauts de ses qualités .
Mais Michel était une bonne personne, généreuse en amitié, très conviviale, de bonne compagnie , pleine d’humour, mais attention, ce n’était pas un saint et il savait reconnaitre ses erreurs , s’excuser de ses emportements. Pour moi il a été à la fois un père spirituel et un bon copain.
Merci Michel, pour tout ce que tu m’as apporté, donné. TU RESTERAS POUR MOI UN EXEMPLE DE PRÊTRE SERVITEUR, HUMBLE, VIVANT AVEC SES OUAILLES. Maintenant toi qui es tout à Dieu, tu dois bien rire de nous .
Voici l’intervention de Véronique Chabernaud, animatrice en pastorale auprès des enfants, qui a collaboré avec lui.
Quand j’ai été appelée au service de la paroisse pour la catéchèse, en 2008, Michel m’a tout de suite fait confiance. C’est vrai que nous nous connaissions déjà car je faisais partie de l’équipe des catéchistes, en particulier pour la préparation à la première des communions. Pour cette mission, il voulait que je sois autonome et que je prenne mes décisions et responsabilités sans toujours lui demander son avis. Il m’avait dit : « Je ne te donne pas mon numéro de téléphone, tu peux compter sur moi si tu as besoin, mais seulement pour les choses importantes ». Il m’a ainsi aidée à prendre confiance en moi et à aborder cette mission sereinement.
Pendant les trois années à travailler avec lui j’ai pu apprécier sa simplicité, sa bienveillance, son respect du travail de chacun, son humour, voire même sa gourmandise, il aimait bien le couscous ! Michel cherchait à être proche de ceux qu’il rencontrait. Je me souviens qu’en préparant avec les catéchistes les célébrations de première communion ou de profession de foi, il nous demandait : « Que voulez-vous que je dise dans mon homélie ? » Alors, évidement, on se récriait : « Non Michel, c’est ton travail ! » et il nous répondait « Vous, vous êtes au contact des enfants et de leur famille, vous savez mieux que moi comment leur parler, comment les rejoindre. »
Peu avant son départ à la retraite, et comme il savait que ma mission avait été renouvelée, il m’avait dit « C’est TA mission, ne te la laisse pas prendre, même par un prêtre ! » Il pressentait sans doute que tous n’avaient pas le même respect de la place des laïcs dans l’Église. Personnellement, il m’a aidé à prendre la mienne, toute la mienne, mais rien que la mienne pour les cinq autres années que j’ai passées au service de la catéchèse. Maintenant, j’ai passé le relais , il faut permettre à d’autres de continuer la mission.
Michel, comme cela a été dit plusieurs fois, aimait les choses simples. Il savait admirer la beauté toute simple d’un bouquet de fleurs de carottes sauvages posé devant l’autel. Aujourd’hui, je suis sûre qu’il apprécierait les bouquets qui égaient notre église. Ce sont les fleurs du jardin de Momo, des pivoines, des iris et des roses, celles des rosiers qu’il aimait tailler.
La dernière visite de Michel dans l’église du Château d’Olonne.
Vivant à la maison de retraite des prêtres du Landreau, malgré sa santé chancelante, Michel avait plusieurs fois manifesté le désir de venir voir et écouter le nouvel orgue de l’église du Château d’Olonne. Il finit par obtenir l’accord d’une amie de la Roche sur Yon qui accepta de le conduire, le 14 avril dernier, au Château d’Olonne. Il prit un grand intérêt à écouter Benoît Letard lui faire la démonstration des possibilités du nouvel instrument. C’était une quinzaine de jours avant son départ pour la Maison du Père.
Voici quelques photos :