En parcourant de jour comme de nuit le territoire de notre paroisse, je ne cesse de m’écrier : quelle est belle notre paroisse ! Partout, ont poussé des édifices qui pointent leurs clochers vers le ciel, non comme à Babel pour gommer la diversité originelle, rivaliser avec Dieu et se faire un nom (Gn 11, 1-9), mais pour exprimer « l’élan vital » de l’homme à tendre vers Dieu, là où il se donne.
Le patrimoine religieux de notre paroisse est ainsi, en soi, une hymne à la création et une catéchèse. La diversité de sa construction architecturale, son orientation, sa décoration explicitent le contenu d’un message unique, fort et clair : Dieu existe, nous avons pu le voir, sa demeure est désormais parmi nous.
Si chez nous dans l’agglomération des Sables d’Olonne comme partout ailleurs, la construction des édifices religieux est le fruit du don engageant et généreux de fidèles qui se sont sacrifiés pour que la « Maison de Dieu », soit belle, richement décorée, digne et priante, nous ne pouvons pas cependant oublier que nos anciens ont aussi payé de leur vie pour l’attachement à leur foi et pour défendre l’Eglise catholique. Le patrimoine devient ainsi, le symbole de notre foi qui, mieux que l’attachement à un édifice ou à un site, est une adhésion à une personne qui nous fait vivre aujourd’hui. Nous adhérons tellement au Christ que désormais, par la grâce venue de lui, nous lui manifestons une fidélité telle qu’elle devient l’épreuve de nos actes, de nos œuvres et de nos vies.
Le Christ, parlant du temple de Jérusalem, disait dans une vision apocalyptique : « ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit » (Lc 21, 6). Cet avertissement du Christ nous invite à ne pas privilégier l’attachement passionnel pour les édifices religieux au détriment de la construction d’une Église vivante.
En attirant l’attention sur la préservation de notre patrimoine religieux, je voudrais aussi inviter tous les paroissiens à la prière : Que le Seigneur fasse de chacun de nous, comme le montre le Pasteur d’Hermas, des pierres carrées, blanches et équarries qui, en s’agençant bien elles (1), entrent dans la construction de l’Église, corps du Christ et témoin de son amour pour tous les hommes de notre temps !
Abbé Antoine Nouwavi,
Curé-Doyen des Sables
(1) Cf. Le Pasteur, Vision III, 14(6), Les Pères Apostoliques. Texte intégral, Paris : Les Editions du Cerf (collection : Sagesses chrétiennes), 2006, p. 353-354