« Avance au large » cette invitation de Jésus dans l’évangile selon Luc résonne chaque année aux Sables d’Olonne à l’invitation de la paroisse et de la Pastorale du Tourisme du diocèse de Luçon. Sans interférer sur l’action des professionnels dont c’est le métier, il s’agit d’offrir à des hommes et des femmes d’aller en mer, d’y retrouver s’ils le souhaitent un ressourcement spirituel.
Les plus anciens Sablais se souviennent des fêtes de la mer où chalutiers et thoniers embarquaient sur le pont de leurs navires un public nombreux pour une sortie dans la baie et une bénédiction de la mer, notamment dans les années 50 avec le cardinal Roncalli qui deviendra pape sous le nom de Jean XXIII.
A La Cotinière sur l’ile Oléron en 1996, un bateau de pêche avait chaviré avec près de 50 personnes à bord. Depuis ce drame de la mer les consignes de sécurité sont devenues drastiques. Les bateaux de pêche ou de commerce ne peuvent plus embarquer de simples passagers. Les bateaux de plaisance ou de sports nautiques doivent être équipés de brassière de sécurité et de harnais, Ils doivent remplir des conditions d’assurances pour personnes embarquées, lesquelles doivent justifier d’une assurance en responsabilité civile sur lesquelles on ne transige pas.
Il y faut aussi toute la vigilance des skippers, car dès qu’ils ont quitté le ponton d’amarrage, ils partagent le chenal qui conduit à la haute mer avec d’autres usagers, les scooters des mers, les navettes entre le centre-ville et la Chaume, les navires de pêche et de commerce qui entrent et sortent. Jusqu’aux première bouées du large ils rencontrent les écoles de voile sur des navires ou de simples catamarans de plage.
La mer est à tous. Il convient de la partager en s’assurant de la sécurité de chacun. C’est ce qu’ont pu vivre les 11 skippers et coskippers, ainsi que 21 personnes embarquées qui accédaient au titre d’équipiers, car à la voile la plupart étaient associés aux manœuvres du bord. 6 bateaux étaient au rendez-vous : APPAOU, BARRA AVEL , TI PUNCH , SEA U , SA JUAN et KAPPA sur lequel un détour par le ponton du Vendée-Globe a permis à Sarah et Annaëlle de repérer des voiliers anciens, engagés pour ce tour du monde à la voile sans escale et sans instruments modernes de navigation. Départ le 4 septembre.
Pour cette journée du 18 août, d’autres inscrits ont apprécié la marche en bord de mer, redécouvrant sous la conduite d’un ancien Sablais l’abbé René Cougnaud, quelques sites remarquables, prenant le temps d’admirer les villas, palais et chalet du remblai, témoins de la Belle Epoque, au milieu de résidences modernes d’un goût parfois douteux.
Dès 9 h 30 au local paroissial de La Chaume, Annie Le Nabasque et Monique Chabot accueillaient les personnes à embarquer. René Cougnaud a présenté le thème proposé pour la journée d’après « Laudato Si » du pape François : « Les océans constituent non seulement la majeure partie de la planète, mais aussi la majeure partie de la grande variété des êtres vivants dont beaucoup nous sont encore inconnus et sont menacés par diverses causes. » (n°40)
Ce jeudi, les marins-pêcheurs n’étaient pas oubliés avec la présentation du livre de Gaston Vinet et Claude Babarit, « La mer comme horizon », paru en juin 2021 et toujours disponible en librairie.
Vers 10 heures embarquement à Port Olona pour cette sortie en mer déclarée préalablement aux Affaires Maritimes sur une zone délimitée par la bouée de la « Petite Barge, la bouée du large de Bourgenay et la côte.
Dès la sortie du port les voiliers ont pu envoyer de la toile, comme l’on dit dans le langage du milieu. La houle était longue et profonde. Le vent a monté dessinant quelques moutons blancs sur les flots. Le retour vers le port était plus laborieux, obligeant à tirer des bords par vent contraire.
Au local de la Chaume, après le pique- nique partagé, le débriefing a prolongé la parole. On a pu entendre Francis Bruant, coskipper sur Kappa. Au début de sa retraite professionnelle dans la Marine Nationale, cet amoureux de la mer a vécu deux années sur son bateau, remontant seul sur son voilier du canal de Suez vers la Méditerranée, le détroit de Gibraltar et l’Atlantique jusqu’en Bretagne.
Vers 15 heures, avec René Cougnaud, visite guidée de cette église de la Chaume, témoin de tant de drames de la mer qui ont endeuillé des familles. Pour conclure cette journée le chant de la « Prière des Heures » a fait résonner les voutes de cette église avec en terminant cette hymne à Marie « Regarde l’étoile ».
La mer, on peut l’aimer ou la redouter. On peut s’y ressourcer. Au début de la Bible il est dit : « Le souffle de Dieu planait à la surface des eaux ». Selon le pape François dans Laudato Si : « Tout l’univers matériel est un langage de l’amour de Dieu, de sa tendresse démesurée envers nous. Le sol, l’eau, les montagnes, tout est caresse de Dieu » (n°84).
Tout près de nous, la mer se rend fréquentable à la plage et au-delà. Elle valorise notre patrimoine sablais. Ainsi le dimanche 10 juillet lors de la messe en plein air, au Jardin du Tribunal en bordure du remblai des Sables d’Olonne. Avec « Avance au large » c’était encore oser la mer. D’autres avec « La Mission de la Mer » continuent d’essayer de rejoindre les marins-pêcheurs, les marins du commerce jusqu’à l’international, avec aujourd’hui une attention particulière au devenir de notre planète et un parti-pris d’espérance.
CB.