Le temps du repos est malheureusement devenu un produit de la société de consommation. Autant la société consumériste nous propose de consommer sans modération, autant elle nous vend le repos sans discernement.
Le repos comme tous les produits de la civilisation consumériste est vendu à tous ceux qui ont les moyens et à tous ceux qui, poussés par la même société, sont obligés de s’endetter pour se payer un repos de rêve, quelques fois, illusoire. Il naît ainsi autour du repos un imaginaire perverti.
La société de consommation vend le repos comme la solution échappatoire à notre traintrain quotidien et à notre finitude. Elle vend en fait une illusion. Nous pensons quitter le bruit, nous le retrouvons ; nous pensons vivre le bonheur, nous découvrons des sensations fugaces vendues à prix d’or. En réalité, nous ne faisons que consommer et alimentons le cercle vicieux d’un consumérisme sans âme.
En ces temps de vacances pendant lesquelles beaucoup d’entre nous vont prendre un temps de repos et de ressourcement, les critiques que j’expose ici contre la société de consommation et l’illusion du repos qu’elle nous vend, pourraient rendre certains perplexes. Je souhaiterais plutôt, modestement, réorienter le sens du repos.
Le repos est en réalité un temps de conversion qui nous pousse, grâce à la Parole de Dieu, à nous recentrer sur l’essentiel. « Il y a un temps pour tout et un moment pour toute chose sous le soleil », dit l’Ecclésiaste (Qo 3, 1). Le repos peut ainsi être aussi perçu comme une mission. Il ne doit pas être dissocié du commandement : « remplissez la terre et dominez-la » (Gn 1, 28). Celui qui commande de travailler à la sueur de notre front (Gn 3, 19) est le même qui demande, par son Fils, Jésus : « Allez à l’écart… reposez-vous un peu » (Mc 6, 31).
Ainsi, le repos doit être fondamentalement perçu comme une réalité spirituelle. Il est unité vécue avec le Créateur, qui commande, oriente le sens de la vie de l’homme et lui ordonne de se ressourcer. Il apparait aussi que le repos devient une nécessité existentielle de foi : il est institué dans un cycle de mission dont la source est Dieu lui-même. En obéissant à la totalité de la mission que Dieu nous a confiée, nous découvrons alors que le repos est, non seulement, une nécessité mais il nous ramène à la source de tous nos engagements.
Le triptyque : Dieu-travail-repos devient pour nous comme un horizon pour concevoir, organiser et vivre nos temps du repos. Pour le croyant, le temps de repos physique et intellectuel est aussi essentiellement un moment d’union profonde dans la foi à Dieu, créateur et maître de toutes choses.
Bienvenus à vous tous qui allez séjourner aux Sables d’Olonne!
Bon été à tous !
Abbé Antoine Nouwavi,
Curé-Doyen des Sables