La résurrection empêche, à coup sûr, un retour à l’ordre de la mort. Elle consacre l’ordre du Vivant. Mais comment définir cet ordre ? Que renouvelle-t-il en nous de façon décisive ?
Dans la crucifixion et la mort de Jésus apparaît la mort de tout homme comme expression d’une limite, d’une fin, d’une destruction d’une trajectoire de vie et d’une défaite par rapport à une mission d’autoréalisation. En la mort de Jésus est récapitulée la mort de tous. Mais la particularité de la mort du Christ, c’est qu’elle est une mort infligée par les hommes (Lc 24, 20 ; Act 2, 23). La mort de Jésus résulte ainsi de son entrée dans la société pécheresse des hommes. Sa mort est le fruit du péché. Symboliquement, elle révèle ce à quoi conduit le péché. Sa mort est la conséquence de la haine. Jésus le Christ meurt donc à la suite de la haine et du rejet de la société des hommes. Le procès qui a conduit à sa condamnation montre d’ailleurs que sa mise à mort a porté plus sur des prétentions que sur des faits d’ordre public. Dès le début, on avait résolu de le mettre à mort (Jn 11, 53).
La mort de Jésus a finalement un double sens. Sa mort est d’abord le symbole de la mort qui atteint tout homme comme conséquence du péché. Mais ensuite, justement ce péché des hommes synonyme de rejet de la volonté de Dieu, Jésus en fait l’expérience dans le rejet de sa propre personne comme envoyé du Père (Mt 21, 33-46 ; Mc, 12, 1-12 ; Lc 20, 9-19). Ainsi, sa mort est-elle doublement offense contre Dieu restituant la mort comme conséquence du péché mais actualisant ce péché comme offense personnelle faite à Dieu dans le rejet et la mise à mort de son Fils Unique.
Après la mort du Fils unique de Dieu, ses compagnons furent plongés dans un malaise et un mal-être profonds. Ils ressentirent cet événement grave comme une trahison venue certes de l’un d’entre eux : Judas. Mais, aussi ressentirent-ils cela même comme une offense profonde venant de tout le groupe apparemment uni mais qui, très vite, s’est dispersé et a renié (Jn 18, 7-8 ; 25-27). Ce malaise était aggravé par la conscience collective (Lc 24, 20) d’avoir enfreint les préceptes de Yahvé donnés dans le Décalogue : « tu ne tueras pas » (Ex 20, 13) et « tu ne porteras pas de témoignage mensonger contre ton prochain » (Ex 20,16).
L’ordre de la mort du Christ instituait de fait un remords doublé d’un sentiment de peur et de déception implacables quand, au matin de Pâques, la nouvelle : « Christ est Vivant ! » parvenue à tous, parut, d’abord, comme une plaisanterie mais devint, ensuite, le fondement d’un nouvel ordre, celui du Vivant.
Pâques nous fait entrer dans ce nouvel ordre qui abolit, la haine et le péché qui nous sépare de Dieu. L’ordre de la vie institué par la résurrection nous fait résolument prendre le chemin d’une unité profonde avec Dieu. Je souhaite que rien ne nous sépare de cette réconciliation définitive à laquelle nous engage le mystère de la Pâque du Christ ! Bonne marche vers Pâques !
Abbé Antoine Nouwavi,
Curé-Doyen des Sables