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Promouvoir une culture de vie !

    Nous savons que nos ancêtres sont venus au monde avec une conviction religieuse. Placés devant l’immensité d’un monde inconnu, bénéfique et quelques fois hostile, nos ancêtres ont pu s’écrier, comme les fils d’Israël devant la manne tombée au désert : « Manhou ! (Qu’est-ce que c’est !) » (Ex16, 15). L’admiration, la peur de l’inconnu, l’incertitude face à l’avenir et au destin les ont conduits à élever des sanctuaires, à composer des chants pour adorer le «  Dieu inconnu » (Ac 17, 23). Nous pouvons donc penser que foi et culture naissent au cœur même du mystère de la création. L’homme créé, est fondamentalement marqué par Dieu. Se posant des questions sur lui-même et sa destinée, il est inexorablement conduit vers l’auteur de son être et de sa vie. Saint  Augustin dira : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur ne connaît aucun répit jusqu’à ce qu’il trouve son repos en toi »[1].

                Si la culture naît ainsi de la recherche de soi de l’homme et donc de Dieu, elle est aussi le fruit de la révélation divine faite aux hommes. Israël a fait l’expérience d’un peuple élu par Dieu lui-même. De l’appel : «  tu seras un peuple consacré au Seigneur ton Dieu, comme il te l’a promis » (Dt 26, 19), il a compris que toutes ses instituions politiques, sociales et religieuses devaient naître à partir de ce que Dieu a dit. Le christianisme naissant lui même, s’est compris comme une extraordinaire nouveauté issue de la résurrection de Jésus le Christ d’entre les morts. Venu de la culture juive mais devant évoluer dans les milieux intellectuels du monde grec, le christianisme primitif, n’a pas pris le monde ancien comme modèle.  Il a su créer une culture de vie comme en témoigne  l’admiration venue des milieux païens : « voyez comme ils s’aiment, voyez comme ils sont prêts à mourir les uns pour les autres [2]». A vrai dire, ce qui a fait survivre le christianisme naissant dans ce bassin méditerranéen foisonnant de cultures et de créations de toute sorte, c’est sa capacité à susciter une culture de vie à partir de cet appel : « Christ est ressuscité d’entre les morts, tendez vers les réalités d’en haut et non vers celles de la terre » (Col 3, 2). La foi est créatrice de culture, mais d’une culture de vie.

    Il ne fait pas de doute que, désormais, le témoignage chrétien de tous les temps sera de perpétuer la culture de vie comme culture intégrale de l’homme. Il aura ainsi, sans cesse, à lutter contre les cultures de mort qui pourraient assaillir nos pensées, nos institutions sociales, politiques et religieuses.

    Dans notre paisible ville des Sables d’Olonne, nous faisons face à une tentative d’effacement de l’héritage culturel de la foi sur le parvis d’une Église ! Nous sommes heurtés et comme exclus de la cité. Mais, même si on vient à faire disparaitre tous les signes religieux des places publiques, notre témoignage pédagogique serait toujours le même. Plus que jamais, notre engagement d’hommes et de femmes de foi doit se convertir en un  état de veille pour que, dans notre pays et dans nos sociétés, soient promue la foi et notre adhésion au Christ comme une culture de vie intégrale. C’est à travers notre capacité à rendre raison de l’espérance qui nous habite (1 P 3, 15-16) et à la faire partager en innovant, que nous témoignerons du Christ toujours vivant.

    Bonne, heureuse et sainte année 2022 !


    [1] St Augustin, Confession I, 1, PL 32, 661

    [2] Tertullien, Apologeticum, 39,7

    Abbé Antoine Nouwavi,
    Curé-Doyen des Sables