Nous connaissons tous la question du jeune homme au Christ dans l’Évangile : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »(Mc 10, 17).
Cette demande rejoint notre préoccupation de tous les jours. La question sur la vie éternelle est liée à la quête existentielle de notre être. Cet homme aime la rigueur. Dans son engagement total, il voulait achever d’appliquer les préceptes de l’enseignement du Christ. Mais hélas ! Il pensait avoir fini, en fait, il n’avait pas commencé.
En cet homme sont représentés le judaïsme au temps de Jésus, ses lois et ses multiples pratiques. En cet homme sont aussi re-présentées, nos personnalités sûres d’elles-mêmes, nos fiertés anthropologiques et culturelles. L’homme dont nous parle cet évangile est une figure de la » religion du faire » qui, avec un grand sursaut de suffisance et d’orgueil, n’arrive pas à passer à la religion de l’ « être ». Son refus de suivre le Christ parce que, dit l’évangile, « il avait de grands biens » est d’abord refus de la remise en cause de sa vie. Ce refus est aussi, l’expression, d’un renoncement à l’abandon de soi entre les mains du Christ qui seul peut faire toute chose nouvelle. Enfin, l’attitude de cet homme qui refuse les conditions de Jésus, est l’expression de la suffisance de notre humanisme à se reconnaitre comme dépendant de la grâce de Dieu et à être pleinement accompli par le don de soi de Dieu.
Pourtant, pour être disciple du Christ, il faut accepter de le suivre, se laisser mener par lui », se laisser restructurer profondément par lui, s’agenouiller devant Lui et l’adorer dans une attitude de reconnaissance et de vénération : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20, 29).
A la suite du Christ, on n’apprend pas à faire, on vit par lui, avec lui et pour lui. On apprend à être. D’ailleurs, l’enseignement du Christ n’a jamais consisté fondamentalement en des formules comme « faites ceci… ne faites pas cela ». Le Christ dit plutôt : « Heureux les pauvres de cœur, le royaume des cieux est à eux » (Mt 5, 3). Nous comprenons ainsi mieux notre relation au Christ. Le christianisme n’est pas une religion de « modes d’emploi », c’est une vie en Dieu, c’est un acquiescement transformant, c’est une adoration.
Devant la Simplicité de L’hostie dans le Saint Sacrement, s’exprime la grandeur du don de soi de Dieu en Jésus son Fils. En l’adorant dans le Saint Sacrement, il se donne à moi. En m’agenouillant devant Lui, qui le premier « nous a aimés et s’est livré pour nous » (Ep 5, 2), je suis relevé et renvoyé sur les chemins de la vie et de mes engagements de baptisé dans la fidélité à l’Église. Devant l’Hostie, la question de l’Évangile : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? », est réaffirmée comme quête essentielle de notre être qui ne peut s’épanouir qu’en Dieu. La réponse à cette demande est l’Évangile lui-même, comme notre demeure c’est-à-dire, le lieu de la plénitude qui n’est pas remplie de nos « hommeries » mais de Dieu qui nous a faits et qui, seul, réalise l’accomplissement total de l’homme et de tout l’homme.
Abbé Antoine Nouwavi,
Curé-Doyen des Sables