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A l’écart… reposez-vous un peu. (Mc 6-31)

    Le  temps du repos est malheureusement devenu un produit de la société de consommation. Autant la société consumériste nous propose de consommer sans modération, autant elle nous vend le repos sans discernement. Le repos comme tous les produits de consommation est vendu à tous ceux qui ont les moyens et à tous ceux, qui poussés par la même société, sont obligés de s’endetter pour se payer un repos de rêve, quelques fois, illusoire. Il naît ainsi autour du repos une spiritualité perverse.

    La société de consommation vend le repos comme la solution échappatoire à notre traintrain quotidien et à notre finitude. Elle vend en fait une illusion. Nous pensons quitter le bruit, nous le retrouvons, nous pensons retrouver le bonheur, il est vendu par des multinationales matérialistes à prix d’or. En réalité, nous ne faisons que consommer et alimentons le cercle vicieux d’un consumérisme sans âme.

    En ces temps de vacances pendant lesquelles beaucoup d’entre nous vont prendre un temps de repos et de ressourcement, les critiques que j’expose ici contre la société de consommation et l’illusion du repos qu’elle nous vend, pourraient rendre certains perplexes. Je souhaiterais plutôt réorienter le sens du repos.

    La société consumériste vend un repos perpétuel hors-saison et hors-cycle. Le repos est en réalité un moment de ressourcement. « Il y a un temps pour tout et un moment pour toute chose sous le soleil », dit l’Ecclésiaste.

               Le repos est ainsi une mission. Il ne peut être dissocié du commandement : « remplissez la terre et dominez-la » (Gn 1, 28). Celui qui commande de travailler à la sueur de notre front (Gn 3, 19) est le même qui demande, en Jésus, son Fils : «  Allez à l’écart… reposez-vous un peu » (Mc 6, 31).

    Ainsi, le repos doit être perçu comme une réalité spirituelle. Il est unité vécue avec le Créateur, qui commande, oriente le sens de la vie de l’homme et lui donne de se ressourcer. Il apparaît aussi que le repos devient une nécessité : il est institué dans un cycle de mission dont la source est Dieu lui-même.

    En obéissant à la totalité de la mission que Dieu nous a confiée, nous découvrons alors que le repos est, non seulement, une nécessité mais il nous ramène à la source de tous nos engagements.  Le triptyque : Dieu-travail-repos devient pour nous comme un point de mire pour concevoir et vivre le temps du repos. Pour le croyant, le temps de repos est essentiellement un moment d’union profonde dans la foi à Dieu, créateur et maître de toutes choses.

    Bonne suite de vacances à tous !

    Abbé Antoine Nouwavi,
    Curé-Doyen des Sables