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Ô croix dressée sur le monde (Semaine Sainte)

    Il n’est pas prétentieux de penser que le Covid-19  fait porter à notre terre une lourde croix ! Dans la série des mauvaises nouvelles que nous recevons quotidiennement, nous nous demandons : Où est Dieu ?


                     Pendant cette semaine, nous méditerons ce verset important dans l’évangile selon St Mathieu : « À partir de la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure.  Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éli, Éli, lema sabaqthani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »(Mt 27, 45-46) 


    Notre souffrance et nos cris rejoignent les cris de déréliction de Jésus le Christ sur la croix. En criant vers Dieu son Père, Jésus exprimait déjà la juste attitude de tous les pauvres de cœur à s’en remettre à Dieu qui, seul, peut faire toute chose nouvelle (Ap 21, 5). Il nous engageait ainsi dans une relativisation de ce que nous sommes, ou de l’idée de ce que nous avons ou de ce que nous représentons.


                   Dans le mystère de la croix, il y a incontestablement le jugement du monde et de la création. Les Ecritures sont unanimes pour reconnaitre que le temps de l’épreuve est un temps de purification. A la suite des Psaumes qui clament : « Tu nous as éprouvés, ô Dieu ! Tu nous as fait passer au creuset comme l’argent » (Ps 66, 10-12), la mystique biblique a vu dans les tourments de l’histoire de la création, un passage vers la rédemption. L’apôtre Paul en a eu la plus brillante expression : « Nous le savons bien, dit-il, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore » (Rm 8, 22).


                    L’enfantement des cieux nouveaux et d’une terre nouvelle passe donc par la croix du Christ qui a fait du lieu de sa déchéance absolue, le don absolu de sa vie et de tout son être à Dieu son Père. En s’offrant ainsi par amour  pour nous et pour notre salut, le Christ nous ouvre aussi la voie.


    Aucune croix n’est rose ! Le temps de la croix doit être le moment d’une plus grande prise de responsabilité de notre humanité face à l’histoire ; il est aussi le temps de l’acceptation de notre pauvreté de cœur  et de la profession de la foi de l’homme en Dieu qui, peut tout refaire à partir de rien.


                    Vivons donc cette semaine cruciale  comme « Le mémorial annuel de la grande geste du Dieu en Jésus-Christ. Non pas simplement un anniversaire, au cours duquel on se reporterait dans la prière vers l’Evénement passé afin d’en rendre grâce au Père. Mais une célébration communautaire, dans laquelle le Peuple de Dieu, tout en évoquant par ses paroles et par ses rites ce que Dieu a accompli lorsqu’il fit passer de la Mort de la Croix à la Vie Nouvelle son Serviteur Jésus, vit en lui-même et pour lui-même cet Événement de salut »[1].

    Très bonne semaine sainte à tous !

    [1] CF.  J.M.R. Tillard, « La Pâque du Chrétien », Assemblées du Seigneur 21, Paris : Cerf, p. 103.

    Père Antoine Nouwavi,
    Curé-Doyen des Sables