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Le jeûne que Dieu Préfère

    Le jeûne que Dieu préfère…. (Is 58, 6…)

    La parole du prophète Isaïe nous aidera à commencer le carême. Elle dénonce le ritualisme et les faux-semblants de ses contemporains. Mais en définissant le jeûne que Dieu préfère : défaire les chaînes injustes, délier les liens du joug , envoyer libres les opprimés, et briser tous les jougs … (Is 58, 7), le prophète semble, pour nous aujourd’hui, orienter le judaïsme de ses pères vers un simple humanisme. Une telle orientation aurait d’ailleurs été inconcevable à son époque. Dans toutes les institutions et les pratiques judaïques, on était plutôt orienté vers Yahvé et le désir de lui appartenir: « Ecoute, Israël : Yahvé notre Dieu est le seul Yahvé. Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir » (Dt 6, 4 -6). Une relecture actuelle et la compréhension de la prophétie d’Isaïe ne devraient donc pas se faire en dehors de la foi vivante du peuple choisi, qui est la clé de voûte de sa culture, ses institutions et de son anthropologie.


    Au temps de Jésus, un épisode intéressant permet de mieux comprendre le sens du jeûne. Interrogé sur le comportement laxiste de ses disciples qui ne jeûnaient pas comme les disciples de Jean et les pharisiens, Jésus répond : « Les invités de la noce pour-raient-ils donc jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ? Tant qu’ils ont l’Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais un temps viendra où l’Époux leur sera enlevé : ce jour-là ils jeûneront » (Mc 2, 18-21). Visiblement, Jésus s’est identifié à l’Epoux.


    En sa personne, le royaume est advenu. C’est le temps des noces qui dispense du jeûne. Ainsi, le jeûne n’a de sens que s’il est destiné pour la venue de Dieu et de son royaume en nous et dans le monde. Le désir de la justice, de la charité et de la solidarité qui habite légitimement dans le cœur de l’homme, n’est en fait assouvi que par Dieu seul. En désirant Dieu, en creusant en nous par le jeûne et la prière, ce désir de Dieu, il nous fait acteurs d’un monde plus juste, plus beau et plus solidaire.


    Evidemment, pendant le carême qui commence, nous n’allons pas que jeûner mais toute notre vie spirituelle sera orientée vers Dieu ; nous allons signifier notre faim et notre soif de sa venue en nous et dans le monde. Il nous est ainsi donné l’occasion de vivre dans une cohérence renouvelée la foi en Dieu et notre engagement de chrétiens dans le monde.


    Nous aurons le temps de méditer toutes ces paroles et les attitudes concrètes qu’elles devraient susciter dans nos vies de disciples à la suite du Christ. Avec toute la communauté de vos frères prêtres, nous supplions le Seigneur de conduire chacun de ses enfants sur le chemin de la vie parfaite. Qu’il fasse de chacun de nous les témoins renouvelés de son amour !


    Bon Carême !

    Père Antoine Nouwavi,
    Administrateur , Doyen des Sables