Ce dimanche 10 février, aux Sables d’Olonne, le Service Evangélique des Malades accueillait le docteur Marie-Félicie Cheveau-Rousseau pour une conférence sur le thème « Jusqu’au dernier instant ». C’était à la salle de l’Abbaye, près de la bibliothèque. Après une présentation par Denise Bodin, dans une salle comble, le docteur a pris la parole, nous invitant d’abord à vérifier notre assise, soulignant que si nous sommes des êtres vivants, nous sommes des êtres respirants, de cette respiration qui nous a fait naitre jusqu’à celle qui verra notre dernier soupir.
Quoi de plus naturel que la peur de la mort, celle de nos proches, des êtres que nous aimons, notre propre mort ? Qu’est-ce que je fais de cette peur qui peut saboter le reste des jours qui me restent à vivre ? Pour s’en protéger que peut m’apporter la société ? Qu’est-ce que je peux faire moi-même pour l’apprivoiser ? Ce que l’on appelle les « soins palliatifs » ne commencent pas seulement à l’agonie. Les soins palliatifs viennent en aide au malade quand il y a diagnostic d’une maladie grave, potentiellement mortelle. Une personne en fin de vie a pu dire : « Docteur vous avez rendu ma vie heureuse » Elle s’en est allée, apaisée. C’est un service d’équipe pour un regard croisé, médecin, infirmier, psychologue, en collaboration avec le patient, là où il est physiquement et mentalement. Les salariés connaissent-ils leur droit à un congé d’accompagnement, renouvelable, en certaines conditions ?
La loi prévoit une unité de soins palliatifs par département, avec des équipes diversifiées. Ainsi à la Roche sur Yon et plus récemment aux Sables d’Olonne par l’équipe du docteur Cheveau-Rousseau, avec des interventions en EHPAD, des hospitalisations à domicile. On compte aussi les bénévoles, parfois en association comme à JALMAL, « Jusqu’à la mort accompagner la vie ».
Le code de déontologie formule l’obligation de soulager la douleur. Jusqu’où peut-on aller ? La sédation profonde, c’est endormir le patient jusqu’à la mort. Pratiquer l’euthanasie, ce serait donner délibérément la mort. Tout est dans l’intention qui préside à un geste médical. Laisser mourir, ce n’est pas faire mourir. L’obstination déraisonnable et l’acharnement thérapeutique sont condamnables. Ainsi dans le cas de Vincent Lambert, 11 ans de coma profond, alimenté artificiellement. Un arrêt de traitement devrait s’imposer.
Il y a ce que le malade ressent dans son corps. Se disposer à une écoute active qui ne pose aucun objectif, « il voit que je m’assois et ça suffit ». D’où l’intérêt de savoir ce que le malade aurait souhaité, ce que l’on appelle les « directives anticipées » quand elles ont été exprimées, voire un testament. Il arrive que le patient refuse les soins, c’est difficile à entendre par le médecin qui lui sait, ou croit savoir, ce qui est bon pour le malade. Le soignant a le devoir de soigner, et même d’obéir au patient.
Chacun a un travail à faire sur sa propre angoisse. Quelle expérience inestimable que cet état de sérénité devenu possible à l’article de la mort, avec ce « je ne sais quoi » de paix, d’amour, de bienveillance. En référence le livre du docteur Cheveau-Rousseau, « Jusqu’au dernier instant. » En librairie.
En remerciant la conférencière et l’équipe du SEM, l’abbé Gaston Vinet a souligné le sens et l’importance d’un engagement pour vivre vraiment, vivre dignement. Si on ne peut ajouter des jours à la vie, on peut toujours ajouter de la vie aux jours. C’est justement dans les jours, les semaines ou les instants qui précèdent notre fin que nous pouvons accéder le plus surement à la force inexplicable et mystérieuse qui anime l’être humain jusqu’au dernier instant. Merci au Service Evangélique des Malades qui a organisé cette rencontre.
Claude Babarit.